|
|
Coutumes, Mœurs, et Costumes Bretons. (C.M.C.B.) |
|
|
 cmcb Muzillac (Morbihan) Une Rebouteuse |
Plusieurs séries de cartes postales nous font parcourir les routes et chemins de Bretagne. Mais de toutes ces séries "Coutumes, Mœurs et Costumes Bretons" est certainement l'une des plus recherchées par les collectionneurs. On y trouve des cartes à tous les prix et de rareté très variable. Certaines cartes ont été diffusées dans toutes la Bretagne comme des cartes passe-partout et se retrouvent aujourd'hui en très grand nombre. D'autres, restées plus confidentielles, ne sont parvenues jusqu'à nous qu'en peu d'exemplaires. De nombreux sujets sont abordés dans cette série, les costumes bretons bien sûr, mais aussi de nombreuses scènes de la vie rurale. Parmi les sujets les plus connus, une remarquable série sur les rebouteux. |
|
Ce rebouteur cumule ses fonctions avec celles de jardinier et de débitant. Au reste, presque tous les chirurgiens de campagne que j'ai eu la bonne chance de rencontrer tenaient des auberges. Le motif est bien simple à trouver. Si Josso tenait ouvertement boutique de médicastre, avant une semaine il serait arrêté pour exercice illégal de la médecine; mais le malin compère se garde bien d'avouer les faits, impossibles à prouver. Il ne soigne que des paysans dont il est certain de la discrétion, et d'ailleurs une telle auréole enveloppe les rebouteux de ses rayons glorieux et protecteurs, que jamais un fermier ne voudrait trahir celui qu'il considère comme un bienfaiteur. |
|
Donc un client vient boire un verre de vin dans le débit de Josso, et l'on cause. Précisément, le buveur se plaint de son bras. - Il est quasiment gourd et ne fonctionne pas derechef à mon souhait. -Bon! Bon! répond Josso, je vois de quoi il retourne, vous avez dû vous blesser. -Un petit, not' monsieur. Je suis tombé de mon grenier à foin, et depuis ce jour là, je me sens une sorte de paralysie. -Voulez-vous monter dans ma chambre? invite le grand Josso, j'examinerai votre épaule. En l'absence de son mari, la débitante fait bonne garde, et le rebouteux opère à son aise. Le malade découvre son bras, et le rebouteux appuie ses doigts aux articulations jusqu'à ce qu'il ait touché le déboîtage qu'il suppose. A cet instant, et suivant la gravité du cas, il reboutera seul ou avec l'aide de plusieurs comparses. Alors l'opération sera magnifique. Voici à peu près la mise en scène impressionnante pour un disloqué. |
|
On fait venir trois ou quatre hommes vigoureux. tandis que deux d'entre eux empoigneront le bras du patient, et tireront de toutes leurs forces, un autre aide entourera le corps du malade avec un torchon dont il réunira les extrémités dans ses mains, et il tirera solidement, en sens opposé, pour permettre, d'une part, à l'estropié de ne pas choir tout de son long sous la traction des deux hommes, et, d'autre part, pour donner plus d'efficacité à la manœuvre. |
|
Pendant ce temps, le grand Josso, sérieusement, pose ses puissantes paumes sur l'épaule et fait rentrer, de force ou de bon gré ce bras égaré dans la place légitime qui lui est assignée par la nature. Ah qu'il ferait beau voir que l'humérus résistât à un pareil traitement, ou le briserait plutôt... et c'est ce qui arrive quelquefois, pas plus souvent d'ailleurs que chez le médecin!"
|
| © Carte-Postale.com |
|
30 October 2004 |
